Thales envisagerait une offre sur la division cybersécurité d'Atos, mais dément toutes discussions
Le groupe Thales aurait pris contact avec des investisseurs financiers en vue d'un rachat de la division cybersécurité d'Atos, ont déclaré des sources à Reuters. Une opération estimée à environ 3 milliards de dollars (2,7 milliards d'euros), mais qui pourrait se heurter à des obstacles politiques.
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Mis à jour
03 février 2022
Deux géants français de la cybersécurité vont-ils opérer un rapprochement ? Des sources anonymes auraient indiqué à Reuters que Thales et son conseil Centerview Partners avaient approché plusieurs fonds de capital-investissement, parmi lesquels Bain Capital, CVC Capital Partners et PAI Partners, en vue d'étudier la possibilité d'une offre commune sur Big Data & Cybersecurity (BDS), la division de cybersécurité d'Atos. Valorisée près de 3 milliards de dollars (environ 2,7 milliards d'euros), BDS a généré 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2020, soit environ 10% du total du groupe.
Un rôle stratégique
Réagissant à cette information, qui a fait bondir le titre d'Atos (+8,16%) et chuter celui de Thales (-3,09%) à la Bourse de Paris, le groupe de défense, sécurité, aéronautique et services de hautes technologies a assuré mercredi 2 février ne pas être en discussion avec Atos à ce sujet. « Thales n'a aucune intention de se diversifier dans des marchés autres que ceux qu'il sert déjà, tels que ceux d'une ESN (entreprise de services numériques) de taille mondiale », a-t-il déclaré dans un communiqué, en ajoutant toutefois être « potentiellement intéressé par tout actif de cybersécurité qui serait disponible à la vente ». En 2019, il avait déjà renforcé sa présence dans ce domaine en rachetant Gemalto pour 4,8 milliards d'euros.
La chute de la valorisation boursière d'Atos, tombée en janvier à son plus bas niveau depuis la mi-2012 après deux avertissements sur résultats en sept mois, a fait du groupe une cible potentielle pour des investisseurs financiers. Mais le succès d'une tentative de rachat par Thales et des alliés n'est pas acquis d'avance car le gouvernement français est réticent à l'idée de voir des « champions nationaux » comme Atos passer sous le contrôle d'investisseurs étrangers, a fortiori à l'approche de l'élection présidentielle d'avril. « Le gouvernement français s'opposerait fermement à un démantèlement d'Atos à l'heure actuelle », a dit l'une des sources, pointant du doigt les activités stratégiques du groupe.
Deux partenaires
Atos, dont la capitalisation boursière avoisine actuellement 3,9 milliards d'euros, a été dirigé pendant plusieurs années par l'ancien ministre de l'Economie Thierry Breton, aujourd'hui commissaire européen, et compte depuis 2020 l'ex-Premier ministre Edouard Philippe parmi ses administrateurs. Conseillé par Rothschild, le groupe a déjà rejeté plusieurs approches de Thales visant BDS et considérerait tout projet impliquant des fonds visant à lancer une offre publique d'achat pour le retirer de la cote comme hostile et indésirable, a dit l'une des sources.
Thales et Atos sont par ailleurs associés depuis peu au sein d'une coentreprise dénommée Athea dans le but de développer une plate-forme franco-française dédiée au big data et à l'intelligence artificielle pour les secteurs public et privé, notamment dans les domaines de la défense, du renseignement et de la sécurité intérieure.
Avec Reuters (Pamela Barbaglia, avec la contribution de Mathieu Rosemain, Tim Hepher, Julien Ponthus et Michel Rose; version française Tangi Salaün et Marc Angrand)
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