Au salon Innotrans, les PME et start-up tricolores du ferroviaire multiplient les innovations
La filière ferroviaire française est bien présente au salon Innotrans qui se tient à Berlin. Au-delà des poids lourds du secteur comme Alstom et Thales, des centaines de PME et start-up y vont de leurs innovations dans un secteur en cours de transformation.
Difficile de croire que l’on se trouve Outre-Rhin. Dans les allées du salon Innotrans, qui se tient à Berlin du 20 au 23 septembre, on entend parler le français dans tous les halls. Illustration d’une filière ferroviaire tricolore très présente. Outre les acteurs les plus connus, comme Alstom et Thales, plus d’une centaine d’entreprises françaises exposent cette année leurs innovations dans le domaine.
A commencer par Faiveley Transport, même s’il fait partie depuis des années du groupe Wabtec. Le siège de cette filiale qui regroupe les activités transports, est resté en France et représente un tiers du chiffre d’affaires de la compagnie américaine. «L’industrie ferroviaire se construit au travers des constructeurs européens, justifie Lilian Leroux, président de Faiveley Transport et Wabtec Transit. L’Europe tire le reste du monde en matière d’innovation.» Et Wabtec d’annoncer que le nouveau système de freinage testé à avec la RATP pour réduire de 90% les émissions de particules dans le métro sera homologué très prochainement, en octobre.
Avec la SNCF, l’industriel a travaillé sur sa solution de freinage Distance Master. Les problèmes d’adhésion souvent liés aux conditions météorologiques provoquent la détérioration des roues et des infrastructures et rallongent les distances de freinage. Avec ce système, lié à des algorithmes notamment pour mieux assurer le sablage, les équipements sont préservés et la distance de freinage est réduite de 50%, ce qui permet de faire circuler davantage de trains sur une ligne en diminuant l’espacement entre chacun d’eux de 20%.
Des start-up tirent aussi l’innovation
Mais la présence française est également assurée par une kyrielle de PME rassemblées sous le pavillon de Business France, qui a reçu la visite du ministre des Transports, Clément Beaune. Cet opérateur de l’Etat est présent de 55 pays pour «soutenir les entreprises françaises à l’export et favoriser l’attraction de la France pour les entreprises étrangères», rappelait Didier Boulogne, directeur général délégué à l’export chez Business France. «A Innotrans, notre pavillon comprend 110 entreprises, dont 90 avec des stands. Ce sont essentiellement des sous-traitants pour les infrastructures, les transports publics, le transport intelligent, les tunnels. Une large part est consacrée aux innovations», ajoute le porte-parole.
La preuve avec les French Rail Awards, décernés par Business France et la Fédération des industries du ferroviaire (FIF). Pour le prix de l’innovation, Gillet Tools, une entreprise de Nogent (Haute-Marne) de 70 salariés, a développé Move-It, un outil compact capable de pousser un train de 150 tonnes. «Un client nous a demandé de trouver une solution plus compacte, plus sûre pour les opérateurs et plus écologique pour déplacer les trains, raconte Mickaël Levers, président de cette PME spécialisée dans le développement et la fabrication d’outils spécifiques. Le Move-It pèse moins de 50 kilos et est équipé d’une batterie lithium-ion. Il permet d’effectuer ces manœuvres sans attendre deux jours qu’une locomotive et un conducteur soient libres.» La SNCF et les chemins de fer portugais sont déjà clients.
Le Moove-It capable de tirer un train de 150 tonnes.
Un peu plus loin, c’est l’entreprise Rustin, créée en 1903 par un cycliste amateur et inventeur de la rustine du même nom, qui a développé un joint pour les portes des trains en insérant des LED pour permettre à l’opérateur de transport de communiquer avec des changements de couleur sur l’ouverture et la fermeture des portes.
Sur un autre stand, quelques start-up sont réunies comme Komugi, créée il y a deux ans. La jeune entreprise a développé un outil d’ordonnancement industriel pour répondre à la planification selon la disponibilité des composants, des machines et des équipes. Le planning de production s’adapte en fonction des aléas. «Cet outil libère les responsables de production de la moitié de leur temps, eux qui passent généralement la moitié de leur temps au téléphone avec les fournisseurs», indique Benoit Elie, cofondateur de la start-up. Toutes ces innovations démontrent à ceux qui en doutent que l’industrie ferroviaire est bien revenue dans l’air du temps.