Par son volume – près de mille pages –, son ambition – refonder la sociologie en y intégrant la biologie –, son érudition et son titre-même, les Structures fondamentales des sociétés humaines (La Découverte), voilà un essai qui en impose autant qu’il intimide. Il aura fallu vingt ans au sociologue Bernard Lahire pour aboutir à cette révolution théorique mûrie au fil de ses précédentes œuvres, de l’Invention de l’«illettrisme» à l’Interprétation sociologique des rêves en passant par Ceci n’est pas qu’un tableau. Le directeur de recherches au CNRS et professeur à l’Ecole normale supérieure de Lyon y tente une quadrature du cercle : réconcilier sciences du vivant et sciences sociales, en évitant l’écueil du conservatisme consistant à justifier les dominations sociales par les déterminismes biologiques.
Comment ? En s’appuyant non pas sur les racines naturelles de l’organisation des sociétés mais l’inverse, à savoir que le fait social existe aussi dans la nature. Car ce n’est qu’en prenant en compte les schémas communs à l’ensemble du vivant – l’inégalité femmes-hommes, la dépendance parent-enfant ou la division du travail – qu’il est possible d’appréhender leur prolongement propre à l’espèce h