La 5G ne génère pas de nouveaux risques pour la santé, conclut l'Anses
En l'état actuel des connaissances, il est « peu probable » que le déploiement de la 5G entraîne de nouveaux risques pour la santé, estime l'Agence nationale de sécurité sanitaire dans son rapport final publié jeudi. Prudente, l'Anses insiste toutefois sur la nécessité d'accumuler davantage de données, notamment sur la bande des 26 gigahertz.
Les autorités sanitaires sont prudentes, mais affirmatives. « En l'état actuel des connaissances », il est « peu probable » que la 5G - la nouvelle génération de téléphonie mobile lancée en France il y a plus d'un an - entraîne de nouveaux risques pour la santé. C'est la conclusion à laquelle arrive l'Anses (l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) dans son rapport final sur la question paru jeudi.
Ce résultat n'est pas entièrement une surprise. Au printemps dernier, l'agence était déjà parvenue à une conclusion similaire dans un premier avis. De nombreuses villes, inquiètes des conséquences de la 5G, avaient alors conditionné le déploiement de la technologie à ces premières conclusions. Mais l'Anses devait encore recueillir des données supplémentaires. Pour cela, une consultation a été lancée. L'Anses a passé au peigne fin 200 contributions d'associations, de citoyens et d'industriels.
Entre-temps, l'Anses s'est aussi appuyée sur les données de l'Agence nationale des fréquences (ANFR). Fin 2021, cet autre organisme public avait réalisé sa première campagne de mesure, sur 1.500 pylônes, avant et après l'installation d'antennes 5G. L'agence avait alors constaté une très faible augmentation de l'exposition aux ondes : +0,11 volt par mètre lorsque le signal passe par la bande-coeur des 3,5 gigahertz, l'une des trois bandes de la 5G.
Bande des 26 gigahertz
Tous ces éléments confortent l'Anses dans ses conclusions initiales. Dans les bandes de fréquences déjà utilisées pour la 3G ou la 4G, et même la bande 3,5 gigahertz, « les niveaux globaux d'exposition aux champs électromagnétiques seront comparables ou légèrement supérieurs à ceux des technologies existantes », précise l'agence. Dès lors, le risque pour la santé est « peu probable ».
En revanche, l'Anses se garde bien de se prononcer sur la bande des 26 gigahertz. Et pour cause : cette bande très haute, qui offre beaucoup de débit mais porte moins loin et pénètre mal à l'intérieur des bâtiments, n'a pas encore été attribuée aux opérateurs télécoms. « Les données sont à l'heure actuelle trop peu nombreuses pour conclure à l'existence ou non d'effets sanitaires », écrit l'Anses.
Cancer et fertilité
Les ONG veillent au grain. « L'Anses semble être en peine d'exclure de potentiels effets sanitaires », ironisent les ONG Priartem (Français Electrosensibles) et Agir pour l'Environnement. Car l'exposition du public aux ondes dépendra beaucoup du déploiement d'antennes 5G et des usages. Or aujourd'hui, « seuls » 23.000 sites 5G ont été allumés, contre plus de 51.000 pour la 4G, selon l'ANFR. Et si les Français n'hésitent pas à changer leurs smartphones pour des modèles 5G, ils rechignent en revanche à en profiter pour passer leurs forfaits en 5G.
En fonction de ces paramètres, l'exposition aux ondes pourrait progresser à terme de 20 % dans les zones où la bande-coeur sera déployée, selon l'ANFR. Face à cela, l'Anses insiste sur la nécessité de collecter davantage de données et poursuivre la recherche. Des travaux sont en cours notamment sur les liens entre les usages numériques et le cancer ou les problèmes de fertilité.
Raphaël Balenieri