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« Citoyens policiers », d’Arnaud-Dominique Houte : quand les voisins veillent au grain

De la garde nationale aux « voisins vigilants », l’historien explore deux siècles de participation de la société à sa propre sécurité.

Par  (Historien et collaborateur du « Monde des livres »)

Publié le 22 janvier 2024 à 08h00

Temps de Lecture 2 min.

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A Tresserve (Savoie), en 2023.

« Citoyens policiers. Une autre histoire de la sécurité publique en France, de la garde nationale aux voisins vigilants », d’Arnaud-Dominique Houte, La Découverte, 352 p., 23 €, numérique 17 €.

« Désarmons les apaches, armons-nous » : ce slogan d’une vigoureuse campagne de presse menée en 1900 en faveur du port d’armes pour les « honnêtes gens » soucieux de répondre à la délinquance juvénile peut être lu comme l’une des multiples manifestations de la promotion d’une forme de défense sociale par de simples ­citoyens. Dans quelle mesure le « monopole de la violence physique légitime » a-t-il appartenu, ces deux derniers siècles, aux seuls agents de l’Etat ? Loin du rappel ­facile de cette citation de Max ­Weber par certains ministres de l’intérieur qui ne l’ont généralement pas lu, Arnaud-Dominique Houte s’intéresse en expert aux « citoyens policiers » qui, de la Révolution française aux émeutes de l’été 2023, ont entendu parti­ciper à la mise en œuvre de la ­sécurité publique. L’affaire est complexe, émaillée de contradictions, et c’est en cela qu’elle est intéressante.

Les principes comme la nécessité ont pu jouer dans ces engagements dont l’historien montre la récurrence dans des chapitres très vivants. Sous la Révolution, le ­débat public dessine l’image ­valorisante d’un citoyen vigilant, concerné par la défense de la ­patrie et la sûreté de son quartier comme de ses concitoyens. Depuis ce moment matriciel, la loi a consacré sous diverses formes la nécessité civique de la dénonciation de crimes et de délits, voire de l’arrestation des auteurs de ces faits par de simples témoins.

Pendant une grande partie du XIXe siècle, cette participation de la société à sa propre sécurité s’est incarnée dans une institution aujourd’hui bien oubliée, la garde nationale, au sein de laquelle les hommes capables de payer leur équipement servaient en patrouillant. De fait, aux XIXe et XXe siècles, certains criminels célèbres durent leur arrestation à des citoyens impliqués : c’est par de courageux villageois que Joseph Vacher, le « tueur de bergers », fut maîtrisé en 1897, et c’est par un jeune homme de bonne ­famille, qui l’avait reconnue, que la parricide Violette Nozière fut piégée en 1933.

Visages discutables, voire odieux

Faut-il voir dans les diverses modalités de la participation citoyenne à la sécurité publique la conséquence des insuffisances des forces de l’ordre, ou révèlent-elles de façon plus inquiétante la manie de la délation et les possibles dérives de milices privées ? Ces « citoyens policiers » présentent en effet bien souvent des visages discutables, voire odieux : ligues de « protection conservatrice » du second XIXe siècle, « jaunes » briseurs de grève de la Belle Epoque, corbeaux des années noires, collectifs sécuritaires de tout poil ou, de nos jours, « voisins vigilants » qui surveillent leur quartier…

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