Semi-conducteurs : le méga plan de l'Europe de près de 50 milliards pour réduire ses dépendances

Pour réduire ses dépendances en matière d'approvisionnement de puces et renforcer son industrie de semi-conducteurs, Thierry Breton lance un plan très ambitieux de près de 50 milliards d'euros. Elle se dote également d'un instrument de réciprocité équivalent au Defense Production Act (DPA) américain pour préserver ses intérêts stratégiques dans certains domaines critiques, dont les puces.
Michel Cabirol
L'objectif de Thierry Breton est de renforcer l'industrie européenne de semi-conducteurs en multipliant par deux la part qu'elle représente dans la production mondiale de puces, pour la porter à 20% (contre 10 % environ actuellement) d'ici à 2030.
L'objectif de Thierry Breton est de renforcer l'industrie européenne de semi-conducteurs en multipliant par deux la part qu'elle représente dans la production mondiale de puces, pour la porter à 20% (contre 10 % environ actuellement) d'ici à 2030. (Crédits : POOL)

C'est un plan de très grande envergure. L'Union européenne va mettre sur la table près de 50 milliards d'euros d'ici à 2030 pour réduire ses dépendances en matière de semi-conducteurs et retrouver une autonomie stratégique, a annoncé vendredi Thierry Breton, commissaire européen en charge du marché intérieur lors d'un briefing. Soit 12 milliards d'euros, dont 6 milliards financés par la Commission, sur le volet recherche ; près de 30 milliards d'euros de la part des États membres, via le plan de relance européen, pour la construction notamment de trois à cinq très grandes usines (Mégafab) ; et, enfin, la création par la Banque européenne d'investissement (BEI) d'un fonds de plus de 5 milliards d'euros pour financer cette filière. Un plan d'ampleur sensiblement équivalente à celui des Etats-Unis (52 milliards de dollars).

Thierry Breton maintient des objectifs très ambitieux dans la chaîne de valeur de cette filière industrielle. Il compte sur l'industrie européenne pour concrétiser des projets en vue d'améliorer la finesse de gravure des circuits imprimés et des composants pour la création des puces, qui iront à 2 nanomètres grâce à la technologie FinFet et en dessous de 10 nanomètres en FDSOI (technologie française développée par le CEA-Leti). Selon Thierry Breton, cette bataille est sur le point d'être gagnée. Ce qui n'était pas gagné au départ. Dans ce cadre, la Commission financera en partie trois lignes pilotes (entre 1 et 2 milliards d'euros par ligne pilote), qui sont de grandes infrastructures pour accompagner l'industrialisation des puces : 1 chez IMEC (en dessous de 2 nm), 1 au LETI (en-dessous de 10 nm en FDSOI) et 1 chez Fraunhofer (Packaging).

"Ce plan démontre qu'avec une vision, de la détermination et de la rapidité, on peut redonner une ambition industrielle et technologique à l'Europe", a-t-il expliqué.

Multiplier par quatre la production en Europe

L'objectif de Thierry Breton est de renforcer l'industrie européenne de semi-conducteurs en multipliant par deux la part qu'elle représente dans la production mondiale de puces, pour la porter à 20% (contre 10 % environ actuellement) d'ici à 2030, a-t-il confirmé. Ce qui veut dire multiplier la production européenne par quatre en raison des besoins mondiaux en très forte croissance dans les prochaines années. Le marché des semi-conducteurs devant doubler en 10 ans (de 500 milliards à 1.000 milliards d'euros). La pénurie mondiale de semi-conducteurs a mis en exergue les risques pour l'UE de dépendre en grande partie d'industriels asiatiques (notamment TSMC, Samsung et UMC).

Ces géants asiatiques fournissent près de 80% de la demande mondiale (dont plus de 50% venant de Taïwan). Taïwan, qui n'est pas à l'abri d'un conflit avec la Chine, a investi 36 milliards de dollars en 2021 dans les usines de fabrication de semi-conducteurs. Les puces sont essentielles pour plusieurs industries (automobile, smartphone, santé, 5G, Intelligence Artificielle...). Des secteurs stratégiques tels que la défense, la sécurité, l'aéronautique et le spatial sont également menacés par des pénuries. Compte tenu des tensions géopolitiques actuelles, il est impératif que l'Europe puisse compter sur une capacité de production à la hauteur, tant en volume qu'en technologie de pointe.

"Chips european Act"

Ce plan financier s'accompagne d'un volet réglementaire ("Chips european Act"), crucial pour sécuriser les approvisionnements critiques de l'Europe dans certains domaines, dont les puces. La commission européenne va se doter d'un instrument de réciprocité équivalent au Defense Production Act (DPA) américain, qui permet au président d'exiger des entreprises sur le sol américain de produire exclusivement pour les Etats-Unis. Ce qu'ont récemment fait Donald Trump puis Joe Biden pour lutter contre la pandémie de la Covid-19. Le "Chips european Act" "rétablit un rapport de force dans la géostratégie de la chaîne de valeur, a expliqué Thierry Breton. Cet instrument va exister mais nous préférerons toujours favoriser le dialogue". Cette initiative est clairement une étape importante dans l'évolution vers une Europe puissance, qui s'éloigne d'une Europe ouverte aux quatre vents.

Enfin, la Commission souhaite s'assurer de la sécurité d'approvisionnement et établir des règles pour les entreprises étrangères souhaitant investir dans des installations de production de MegaFab en Europe. "Nous avons appris de la crise des vaccins. Nous adaptons notre marché unique aux nouvelles réalités de la géopolitique des chaînes d'approvisionnement", a fait valoir Thierry Breton.

Michel Cabirol

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Commentaires 16
à écrit le 07/02/2022 à 12:18
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Après le transfert de dépendance au pétrole à l'atome, on souhaite vendre aux français le transfert de la dépendance aux semi-conducteurs étrangers aux subventions publiques... en somme une belle rente financière à découvert non compensée par des ...

à écrit le 06/02/2022 à 8:28
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Parle beaucoup valse avec les milliards pour une réalisation hypothétique vers le 3eme siècle. En résume blabla rien de bien convoquant

à écrit le 05/02/2022 à 11:30
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Et dire, qu'il suffirait de ne pas vouloir copier "les autres" pour être plus autonome! Mais non, nous sommes aussi stupide que "les autres"! L'art de créer des besoins artificiels et de les faire payer par le domaine public!

le 08/02/2022 à 10:33
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Visiblement vous ne comprenez pas grand chose au sujet vous

à écrit le 05/02/2022 à 11:08
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ils confondent excellence et feuille Excell ! Moi aussi je peux être excellent à ce compte là. Regardez j'entre de manière hyper efficace 50 000 000 000 dans ma feuille excell assermentée : 5e10 ! en 4 caractères ! qui dit mieux !

à écrit le 05/02/2022 à 11:00
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J'vais intenter un procès à la grosse commission pour plagia d'invention comique ! Didier Bourdon : le myard le myard, dans tournez méninges...

à écrit le 05/02/2022 à 9:54
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Investissement en pure perte si les couts de production restent le plus eleves du monde à cause des gaspillages des etats et de l'europe EX pourquoi autant d'elus qui ne servent à rien voir le taux d'absenteisme elus mais aussi tout ce qui tour...

à écrit le 05/02/2022 à 9:15
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Gouverner c'est prévoir, hors lorsque le Dieu marché spécialise une usine située à l'autre bout du monde pour produire des équipements de souveraineté c'est courir de grands risques. Euuuh! à part les semi-conducteurs, il existe d'autres équipements?

à écrit le 05/02/2022 à 8:36
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Encire des milliards qui ne profiteront pas aux peuples européens puisque ça y est la messe de la dette reprend déjà son plein, ils nous ont massivement endettés sans nous demander quoi que ce soit et maintenant ils veulent que nous soyons leurs escl...

à écrit le 04/02/2022 à 22:18
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Moi je propose un mega-super-mega plan de 5000 milliards d'euro pour le secteur de l'électronique, payé par des chèques personnels de Jean Castex ! J'ai demandé à son banquier. Il m'a dit: "Pas de problème, Jean est d'accord !" MDR !

à écrit le 04/02/2022 à 19:41
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Selon Wikipedia, 78 % de la production de semiconducteurs vient d'Asie du Nord-Est (Chine, Corée du Sud, Japon, Taiwan), c'est à dire de pays où le QI est élevé et où le système de formation est hyper compétitif. C'est comme ça qu'on fait des semicon...

le 05/02/2022 à 2:09
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C'est precisement ce que propose Eric Zemmour. Reformer tout le fatras socialiste qui a detruit l'essence de l'enseignement francais. Z.

le 05/02/2022 à 10:53
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J'allais écrire la même chose mais vous m'avez devancé ! En effet le monde occidental croit au père noël en pensant qu'il suffit de mettre des milliards sur la table pour devenir le champion du secteur. Ce qui fait toute la différence ici c'est la ma...

à écrit le 04/02/2022 à 19:32
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Depuis au moins 2 ans ,la France dépense tout azimut a coût de milliards .On ne sais pas si cela partira dans le tonneau des danaides dont nous ont habitué nos politiques mais la grande question : Ou trouve-t-on tous ces milliards ??? . Il aurait fa...

à écrit le 04/02/2022 à 18:42
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tiens on vient de découvrir l eau chaude , faut une crise pour faire des industries sur les composants informatiques en Europe .comme on dit y a que les imbéciles qui ne changent pas d avis

le 04/02/2022 à 19:46
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A Crolles y a une activité microélectronique, qui a fait du chiffre vu la demande accrue, STMicro (j'ai des circuit intégrés dans mes tiroirs (et montages) avec leur logo :-) ), mais tout dépend de ce qu'on veut faire, les processeurs ultra sophistiq...

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