Économie de guerre : les 5 chantiers pour « produire plus et plus vite »

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 09 février 2023

A l’occasion du point presse hebdomadaire du ministère des Armées, le chef du service des affaires industrielles et de l’intelligence économique de la DGA a présenté un premier bilan des actions menées en faveur de l’économie de guerre. Alexandre Lahousse a notamment dévoilé les cinq chantiers en cours pour accélérer la cadence de production. Éclairage.

Alexandre Lahousse lors du point presse du ministère des Armées, 9/2/23 © CH Christian Hamilcaro/Ministère des Armées

Le chantier « économie de guerre » doit être compris comme une conséquence et une leçon du conflit en Ukraine. Comme le prescrit la Revue nationale stratégique 2022, présentée par le Président Macron en novembre dernier, il est désormais essentiel que l’outil industriel s’organise « pour soutenir un effort de guerre dans la durée, en cas de nécessité pour les forces armées ou au profit d’un partenaire ». Les capacités de production de systèmes d’armes, de munitions et de maintien en condition opérationnelle doivent donc évoluer pour répondre aux besoins d’un éventuel engagement dans un conflit majeur.

Pour mener cette entreprise tentaculaire, la Direction générale de l’Armement (DGA), en lien avec les autres entités du ministère des Armées et les industriels, s’est attaquée à cinq chantiers prioritaires.

1er chantier : visibilité pour les industriels

« Le but est que l’industrie puisse investir à long terme sur son outil de production », indique Alexandre Lahousse, le chef du service des affaires industrielles et de l’intelligence économique de la DGA. A ce titre, la future loi de programmation militaire (2024-2030) va offrir aux industriels de la base industrielle et technologique de défense (BITD)* une visibilité sur sept ans. Les contrats de longue durée qui portent sur une liste d’équipements de première nécessité en cas de conflit de haute intensité s’inscrivent dans cette optique. Alexandre Lahousse pointe également la nécessité de « partager et de faire ruisseler cette visibilité » entre tous les acteurs de la chaîne de production, notamment les PME sous-traitantes afin de monter en puissance conjointement.

2e chantier : simplification

« Ce qui est simple se produit mieux », rappelle Alexandre Lahousse. L’objectif est donc de démarrer cette simplification dès l’expression du besoin et d’effectuer en amont, avec les industriels, les armées et la DGA une « analyse de valeur ». Cette dernière consiste à passer en revue les exigences, à les chiffrer et à évaluer l’impact en termes de délais et de coûts. L’objectif visé est « de réduire de 20 % le niveau d’exigence afin de simplifier le travail de l’industriel », estime Alexandre Lahousse. Ces dispositions entraînent, de facto, moins de justifications et sous-entendent « un partage du risque entre l’État et l’industrie ».

3e chantier : sécurisation des chaînes d’approvisionnement

Les délais d’approvisionnement et de chaîne de sous-traitance représentent aujourd’hui plus de 50 % des délais de production globaux. « La bataille des délais se gagnent donc dans la maîtrise des chaînes de sous-traitance », souligne Alexandre Lahousse. A cet égard, 4 % des 4 000 entreprises de la BITD ne seraient pas en mesure d’accélérer la production et constituent de fait des goulets d’étranglement. Elles vont donc être l’objet d’études pour que des réponses adaptées soient apportées.

Plusieurs leviers sont également à l’étude pour limiter les dépendances étrangères. Parmi eux, la constitution de stocks de prévoyance, notamment sur les matières premières, ou encore la multiplication des sources étrangères d’approvisionnement quand elles sont uniques et, si cela n’est pas possible, la relocalisation des activités concernées en France.

4e chantier : recrutement  

L’attractivité de l’industrie de défense est essentielle pour mettre « des gens derrière les machines », insiste Alexandre Lahousse. L’accent va donc être mis sur la communication auprès des jeunes générations ainsi que sur les compétences critiques. Les métiers de soudeur ou d’ajusteur en mécanique sont par exemple fortement demandés par les industriels. Un dialogue avec les entreprises, les écoles de formation et le ministère de l’Éducation nationale va être engagé à ce sujet.

5e chantier :  financement

« Le modèle fondateur d’une entreprise est de pouvoir lever des fonds pour investir », relève Alexandre Lahousse. « Il est donc essentiel pour nous de garantir l’accès aux financements privés pour les entreprises de la BITD », ajoute-t-il. Dans cette optique, le ministère des Armées travaille depuis un an à la mise en place d’un réseau de référents bancaires pour mieux dialoguer avec les établissements bancaires. En parallèle, plusieurs initiatives sont en cours pour favoriser les investissements dans les secteurs de la défense, y compris au niveau européen.

*Ensemble des entreprises de défense qui fabriquent les équipements pour les armées.

« Remettre la capacité à produire au cœur de nos préoccupations » : face au conflit lancé par la Russie en Ukraine, l’industrie de défense française est entrée depuis plusieurs mois en « économie de guerre ».

Un dossier du magazine Esprit défense.

Voir le dossier

Partager la page

Veuillez autoriser le dépôt de cookies pour partager sur


A la une